pochette

Müs

Go. quitte le groupe, L. reprend les rennes en cours de tournée. Nous sommes en juillet 2003. 4 mois plus tard nous nous installons à Saint-Pée-sur-Nivelle dans la maison familiale de L. Une ferme. Grosse batisse typique de la région. Des recoins. Une architecture à plusieurs niveaux. L'ancienne salle de pelote basque nous sert de salle d'enregistrement. La méthode de fonctionnement est assez similaire à la précédente au détail près. Jouer et improviser ensemble, au casque, comme pour "Derrière la pluie". Enregistrement simultané. Tous en piste séparée. Il en sort 1 heure et demi de musique soit 17 morceaux dont resteront "Enclume", "De porcelaine" et "A dub song / une chanson dub". En mars, une amie de L., Solenne, nous invite pour continuer l'enregistrement à Sainte-Croix-sur-Buchy. Nous nous installons dans un salon couvert de panneaux en bois, une statue au centre. Un salon de grand manoir normand au milieu des champs. Il fait froid. Nous jouons en pull et de la buée sort de nos bouches. Le manoir est magique. 4 heures de musique en sort, J. laisse tourner les "bandes". En résumé, 5 heures et demi de musique. Après édition, il restera une heure et demi. Sélection par vote via un système de points par morceau : 0 point/ 1 point/ 2 points attribués au morceau respectivement détesté, apprecié ou aimé. Après trois votes de ce style, la tracklist est faite. Pas vraiment de soucis, ni de conflits. Travail assez efficace. Après un mois de mix supervisé par J. et quelques rajouts d'effets de G., l'album est bon pour le master. Début octobre, nous partons tous à Londres pour Abbey Road (bon plan du père de D.). Journée de master à la guinness avec Nick Webb, qui nous avait déjà fait "Taffy Ap" et "Derrière la pluie". De la première session au mastering : 11 mois.

 
Revue de Presse
 

"...Si la formation francilienne utilise les ficelles du dub, elle n'en oublie pas pour autant de proposer une approche singulière du genre et ce nouvel album se démarque un peu plus des précédentes livraisons du groupe. MüS se rapproche enfin du rendu scénique de lab°, grand creuset où se croisent aliens électroniques, fréquences basses insidieuses et riffs de guitare cinglants. Comme si Fugazi s'amusait à relire sa musique sous le soleil (voilé pour l'occasion) de Jamaïque. Entre le post-rock et le dub, lab° nous offre ici un majestueux grand écart. Tout bonnement indispensable. "
VELVET, Olivier Ducruix : AVRIL 2005

" Le nouveau disque du sextet s'éloigne du dub classique pour les rivages sombres du rock. Pour mieux comprendre MüS, inclassable et ambitieux quatrième album de lab°, nous avons demandé à un de ses guitaristes de nous ouvrir sa discothèque. Bienvenue dans un univers de bruit et de douceur..."
TELERAMA, E.P : AVRIL 2005

"...A l'image de "Enclume", le titre qu'ils ont choisi pour ouvrir ce nouvel opus, précisons que le dub de lab° n'a rien de léger, de volatil, ni même de festif. Heavy atmosphères, basses ronflantes, guitares motrices et mécaniques aux frontières du krautrock guident ces 14 titres de l'instant dans leur quête d'intensité et d'alchimie collective. Sur 2 morceaux ( "I can" et "The pope and the bleeding baby" ), le génie de l'impro en impose dans le registre électro punk passé au rouleau compresseur. Mais sur l'ensemble, MüS, album de contrastes, nous tiraille principalement entre léthargie instrumentale sous Dubalgan et réveils en fanfare noisy, comme si les Stooges émergeaient brutalement d'un champ de pavot, avant de se laisser engourdir par les échos venimeux de "La ciguë"...
TRAX, Stéphanie Lopez : MARS 2005

"La muse du labo collectif francilien est venue violer son dub noisy avec un post rock délié à l'estéthique urbaine indefinissable, une guitare surf rock obsessionnelle et des atmosphères rythmiques tendues."
LYLO : MARS 2005

"...Matière sonore brute, dissonances, variations improbables, sens aiguë de la destructuration, une sorte de perversion s'empare des productions de lab°, davantage teintées de noir que de l'usuel vert-jaune-rouge associé au style...le groupe a choisi d'approfondir son introspection en optant pour une méthode d'enregistrement radicale : l'improvisation.(...)le fruit de deux sessions fut décortiqué afin d'en extraire une oeuvre expressioniste, immédiate, éloquente, tout en prenant soin de ne pas l'épurer de ses aspérités naturelles : tempos qui bougent, accords déplacés, saturations inattendues...Sa liberté d'action, lab° la revendique par une musique sans astreintes, n'en déplaise à certains : " Des gens de la profession nous ont conseillé de réenregistrer l'album parce qu'il n'était pas assez formaté pour la diffusion médiatique...nous avons pris cela comme un compliment !".
LONGUEURS D'ONDES, Cédric Manusset : AVRIL-JUIN 2005

" Une fleur de vin agressive orne la pochette de ce quatrième album de lab°, carnivore ? Ou artichaut mutant à décortiquer ? Rien n'est tout à fait simple sur MüS, on ne sait effectivement pas de quoi le coeur sera fait quand démarre "Enclume", premier titre instrumental aussi intrigant que la démarche chaloupée mais furtive d'une silhouette androgyne dans la nuit. Puis une voix féminine, presque désabusée, tourne sur une rythmique hypnotisante, menée par deux guitares, une basse ronde et des samples impromptus et bouillonnants. Surgit alors le faramineux "the pope and the bleeding baby", petit bijou d'une noise qui rappellera l'Heliogable de Too Pee, qui sidère par sa violence sombre. Sombre ? l'effeuillage le confirme. Même si le dub, bien moins présent que sur les précédents albums, parsemé intelligemment ici et là (notamment sur la surréaliste berceuse qu'est "Angel in my pocket") tend à réchauffer momentanément le propos. Mais que l'on passe de la slide guitar du presque jazzy et And Also The Treesien " De porcelaine" au delay, des frappes d'outre tombe ("Crystal krill killer") à la basse sinueuse ("La ciguë"), c'est le mode mineur, avec pour point d'orgue "Ocho 1", longue errance post rock, qui est à l'honneur. Et l'usage subtil de l'électro via des samples presque organiques a tout autant à y voir que ces ingrédients "classiques". Rien n'est en effet prévisible sur cet album (é)mouvant, même si sa cohérence indéniable nous conduit vers des sphères vaporeuses, sombres et étrangement magnétiques. Magnifiquement ambigu.
VERSUS MAGAZINE, C.F. : AVRIL 2005

 

 
Bio
Pour la sortie du quatrième album de lab°, l'un des groupes de référence de la scène dub hexagonale, son label autogéré Mille Milliards et Crash conjuguent leurs forces, concrétisant ainsi des relations de longue date. Avec "MüS", les iconoclastes du dub noisy nous offrent une contraction saisissante et parfois déroutante de leur univers musical, une collision synthétique de leurs précédents opus, véritable "melting pop" de leurs influences multiples et hétérogènes, entre essais laborantiques de "Dubalgan", clin d'oeil clashiens et dub sombre de "Taffy Ap", et déserts morriconniens de "Derrière la pluie". Le groupe s'est réuni vingt jours pour l'enregistrer, dans la salle de pelote basque d'une vieille ferme près de St-Jean-de-Luz et le salon en bois d'une maison bourgeoise du 17ème siècle en Normandie. Réalisé en improvisation simultanée, l'ensemble des sessions a été dépecé, monté, remonté, mixé et masterisé pour donner ces 14 titres, fruits remanipulés d'un instant. Il a fallu par la suite réapprendre ces morceaux, qui n'avaient été interprétés qu'une seule fois, lors de leur création. L'univers de lab° est un tunnel initiatique, dont la radicalité esthétique élude une écoute distraite du disque. Du dub qui fit leur marque de fabrique originelle à des éruptions noisy déjantées, en passant par des ambiances arides et tendues à l'extrême, il y court un rock assombri de thèmes creusés qui s'emmêlent et se débattent, de basses qui martèlent et chantent, de rythmiques en contorsion et de sons criants de notre vie urbaine, au sein de laquelle les 4 titres chantés ménagent une éclaircie temporaire. Chaque morceau est un sentiment, une envie ; cet album passe d'un battement de coeur à un autre ; autoroutes sinueuses ("Enclume"), défoulements extrêmes ("Encoprésie"), pop obstinée ("De porcelaine", "Crystal krill killer"), noise urbaine ("The pope and the bleeding baby", "Nice white hat"), plages cinématographiques obsessionnelles ("Ocho1", "La ciguë") ou tranches de vie quotidiennes ("MüS", "Angel in my pocket"), lab° joue ce qu'il respire.